Academie des Sciences et Lettres de Montpellier

François HOUDAILLE (1862 | 2018)

Section : Sciences - Siège : XII
Professeur de Sciences Physiques à l'Ecole Nationale d'Agriculture de Montpellier entre 1887 et 1904
Elu(e) à l'Académie en 1892. Départ en 1905.
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     François Houdaille  est né dans l'Isère, à Saint-Prim en 1862. Il entre comme élève à l'école d'agriculture de Montpellier, en fin de 1879. Il en sort premier, sans une seule note faible, toutes matières confondues. Il a 21 ans. Il est nommé répétiteur de physique chez le professeur Crova, en 1885. Ce dernier se retirant, Houdaille lui succède, en 1887, à la suite d'un concours éblouissant amenant le jury à décerner des félicitations spéciales. Il est donc officiellement professeur de Physique, Météorologie, Minéralogie et Géologie. Eh bien, puisqu'il le faut, il sera compétent et productif en Physique, en Météorologie, en Minéralogie et en Géologie !

     La Météorologie le fait courir en Italie pour étudier les tirs contre la grêle et grimper sur le Mont Ventoux pour mesurer la radiation solaire. Pour le même motif, il tente l'ascension du Mont Blanc, en 1896, mais il doit s'arrêter au refuge des Grands Mulets, à plus de 3 000 m d'altitude, ses guides refusant d'aller plus loin en raison du temps incertain. Crova, prudemment, est resté dans Chamonix. L'un et l'autre font les mêmes mesures aux mêmes heures. Revenu à Montpellier, Houdaille classe, débroussaille, livre à l'expérimentation les données climatiques antérieurement accumulées à l'Ecole, dans l'Hérault ou en montagne. Il rédige des synthèses sur la pluie, le régime des vents, l'évaporation, la température et l'humidité du sol, etc., etc., etc. En 1898, le 26 mars, une gelée vient enlever, en quelques heures, près de 3 millions d'hectolitres de vin au seul département de l'Hérault. Afin de prévoir et, si possible, d’éviter de telles catastrophes, Houdaille organise alors le Service des informations météorologiques et agricoles de l'École d'agriculture. On lui lit chaque matin, au téléphone, le télégramme de l'observatoire de l'Aigoual et la dépêche du temps du Bureau central de Paris. Il fait la synthèse des indications reçues, en tenant compte des données mesurées sur place, puis appelle à 10 heures les communes abonnées pour les informer de l'évolution du temps. Le Ministère des Postes et Télégraphes accorde un tarif réduit pour ces communications.

     Houdaille jongle avec les sciences de la matière et écrit un traité de « Minéralogie agricole ». Il s'amuse avec la cosmographie pour rédiger un ouvrage sur « Le soleil, la lune et l'agriculteur ». En même temps, il fait de la physique et soutient à la Faculté des Sciences de Paris, en 1896, une thèse ayant pour titre « Mesure du coefficient de diffusion de la vapeur d'eau dans l'atmosphère et du coefficient de frottement de la vapeur d'eau ». De plus, Houdaille est un bricoleur remarquable. Il conçoit et construit toutes sortes d'appareils avec des morceaux de cartons, des bouts de cuivre, des tubes de verre. On lui doit un pluviomètre enregistreur, un évaporomètre enregistreur, un anémomètre à maxima... Surtout, il invente le calcimètre qui portera à tout jamais son nom et dont le principe est de faire des mesures dynamiques et continues - cela lui va bien ! Dans son laboratoire, des câbles et des ficelles tombent du plafond. À un bout, sur le toit, il y a les appareils de mesure météorologique; à l'autre extrémité, dans la pièce, toutes sortes d'enregistreurs sont connectés.

     A-t-on besoin d'un secrétaire ou d'un président pour l'Association des Anciens élèves ? Houdaille est là ! Faut-il faire une synthèse de 258 pages sur l'École d'agriculture de Montpellier en 1900 ? Houdaille se dévoue ! Doit-on enquêter sur la situation agricole des diplômés ? Demandez à Houdaille ! Songerait-on à composer un poème pour animer une soirée ? Houdaille, encore Houdaille, toujours Houdaille ! En 1899, il est fait Officier du Mérite Agricole par le Ministre de l'Agriculture Vigier, en visite à l'Ecole.

     Mais cet homme merveilleux, qui ne savait pas s'arrêter une seconde, est frappé, à 41 ans, d'une maladie terrible, minant peu à peu son cerveau disent les contemporains. Il va survivre pendant 5 ans dans des conditions si difficiles que sa femme, épuisée, en mourra avant lui. Il la rejoindra en 1908, laissant deux petits orphelins.

D'après L'Odyssée des agronomes de Montpellier par JP. Legros et J. Argelès

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