Academie des Sciences et Lettres de Montpellier

Jean NOUGARET (29-09-1939 | 10-12-2013)

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     Jean Nougaret portait en lui l’amour de son Languedoc natal et la passion des vieilles pierres. N’avait-il pas eu, dès son enfance, la vision romantique des tours de Carcassonne et des austères châteaux qui dressaient, alentour, telles des sentinelles, leurs ruines orgueilleuses sur des pitons venteux ? Aussi, n’est-il pas étonnant qu’il ait orienté ses études vers l’histoire de l’Art, sous la direction de maîtres éminents comme Hubert Galet de Santerre ou Jean Claparède. Cela se concrétisera d’abord par un diplôme d’études supérieures consacré à Alexandre Cabanel, enfant de Montpellier: Alexandre Cabanel, sa vie, son œuvre, essai de catalogue. C’était faire œuvre courageuse en un temps où ces peintres dits pompiers étaient méprisés ; c’était agir en précurseur quand on sait la réhabilitation qui s’en est suivie et à laquelle il aura eu la joie de participer quand on lui demandera de contribuer à l’élaboration du catalogue de l’exposition Cabanel au musée Fabre, en 2010.  Il clôturera, ensuite, ses études supérieures par une thèse de IIIe cycle, en 1969 : Pézenas. Évolution urbaine et architecturale du XVIe au XVIIIe siècle. Là encore, travail de pionnier quand on se souvient dans quel état de délabrement était cette ville, à l’époque. Il est alors nommé Conservateur au Musée Vuillod-Saint-Germain à Pézenas.
     Désormais, son avenir est tracé dans l’Administration régionale de l’Inventaire. Il sera nommé successivement Chercheur, puis Conservateur et Conservateur en Chef de 1976 à 2004, tout en étant Secrétaire  régional de l’Inventaire de 1970 à 1982, et Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Hérault. Ses fonctions l’amènent de facto à intervenir comme enseignant dans la Maîtrise de Sciences et Techniques du Patrimoine, et à apporter son expertise en initiation à l’iconographie médiévale aux jeunes étudiants de deuxième année de DEUG en Histoire de l’Art.
     Tout naturellement, son érudition le conduit à être admis à la Société archéologique de Montpellier, à l’Entente bibliophile de Montpellier, dont il assume pendant de longues années les responsabilités de Secrétaire. Il sera reçu dans notre Académie, le 8 janvier 2007, au fauteuil du Préfet Pujol. Il en sera le Président de la Section des Lettres, en 2011.
     Son œuvre écrite est très importante. Il s’agit, évidemment, d’ouvrages d’érudition tels, entre autres, Le Languedoc roman, Vivarais, Gévaudan romans, Le paysage monumental de la France de l’an mil, et surtout Montpellier monumental avec la collaboration de Marie-Sylvie Grandjouan, et des dizaines d’articles dans diverses revues, sur des sujets variés comme les cathédrales médiévales, l’art campanaire ou les retables. À l’Académie, outre l’éloge de Robert Pujol, il avait été l’auteur de deux communications : Jules Renouvier (1804-1860), archéologue et académicien et De Figuerolles au Parc Monceau, Alexandre Cabanel. Mais Jean Nougaret ne négligeait pas les publications de grande diffusion comme des Actes de colloques, des guides, des catalogues d’exposition, et n’hésitait pas à écrire dans des revues de grande vulgarisation comme les Vieilles maisons françaises, la revue Études sur Pézenas, dont il sera le cofondateur, devenue Études héraultaises éditée par l’association Études sur l’Hérault dont il sera le Président.  Il a même participé à l’élaboration de trois vidéos : Qu’est-ce qu’une église ? Qu’est-ce qu’un temple ?, Les papes d’Avignon, et Les roseaux de pierre. Les cisterciens en Languedoc. Ce goût pour partager son savoir le conduira à faire partie de l’Association des Amis du Musée languedocien, musée de la Société archéologique, dont il sera le vice-président et un organisateur privilégié de visites culturelles, à aider l’association les Amis de Pézenas, ou l’association Les Amis de Saint-Guilhem. 
     Sa disparition trop rapide laisse un grand vide et le souvenir d’un homme d’une vaste érudition, d’une généreuse disponibilité, d’une grande exigence et d’un grand sérieux dans son travail, d’un  solide sens de l’humour et surtout d’une modestie suffisamment rare pour être soulignée. Bref une personnalité attachante, un homme de bien. La foule qui l’a accompagné, lors de ses obsèques, témoignait de l’estime dans lequel on le tenait.
                                                             
 Claude Lamboley
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