Academie des Sciences et Lettres de Montpellier

Nicole PARIS-PIREYRE (06-12-1927 | 24-12-2008)

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     Nicole Pireyre est née le 6 décembre 1927 à Noisy le Grand en Seine Saint Denis. Ses parents étaient originaires du petit village médiéval de Montmorin dans le Puy de Dôme, où elle a demeuré une partie de son enfance pendant la guerre 39-40. De retour  en région parisienne elle entre au lycée de Noisy le Grand.
Après son baccalauréat  elle fréquente la Faculté des  Sciences  de la Sorbonne, où elle obtient sa licence  es  sciences en 1951, puis enseigne la biologie dans le secondaire.
     En 1956 Nicole Pireyre opte pour une carrière d’enseignant-chercheur au CNRS et devient assistante de Germaine Hurel-Py  titulaire du poste de professeur de biologie végétale à la Sorbonne. Elle entreprend  un programme de recherche approfondie sur l’absorption et la séquestration du calcium  chez la pariétaire officinale, et chez une algue marine Peyssonnelia rubra. Elle soutient sa thèse de docteur es sciences le 8 décembre 1960 devant une commission d’examen dirigée par Lucien Plantefol. Cette importante contribution scientifique sera couronnée par la médaille de bronze du CNRS.
     Ayant effectué plusieurs séjours au laboratoire Arago de  l’Observatoire Océanologique de Banyuls sur Mer, elle y rencontre un biologiste marin de deux ans son aîné Jean Paris qu’elle épousera.
C’est  en 1964 que Nicole Pireyre devenue Nicole Paris prend ses fonctions de maître de conférences à l’Université de Montpellier II. Elle y crée le service de physiologie végétale tout en assumant la fonction de directeur de l’unité de recherche des sciences biologiques et géologiques fondamentales. Elle dirige la chaire de physiologie végétale et accède au rang de professeur de première classe.
     Soucieuse de promouvoir l’enseignement de 3ième cycle elle crée successivement un DEA de Physiologie végétale, et avec l’appui de Robert Jonard un DEA d’Agronomie orienté vers la micro-propagation des tissus végétaux incluant les cultures d’apex ainsi que les cultures de protoplastes.
     En 1975 elle participe au lancement d’un nouveau DEA des Sciences Agronomiques qu’elle va diriger jusqu’en 1990,  date à laquelle cette formation sera assumée par un autre de ses collaborateurs Jean Jacques Macheix.
     Nicole Paris s’implique personnellement dans de nombreux projets de recherche, et elle saura le moment venu en  confier la responsabilité à une nouvelle génération d’enseignants chercheurs venus étoffer  son équipe montpelliéraine. Au total elle aura encadré 96 diplômes de 3ième cycle incluant  DEA, thèses de troisième cycle, thèses nouveau régime et  thèses d’Etat.  Toutes ces recherches seront conduites sur un large éventail de plantes utiles notamment le fenugrec, la tomate, le lupin, la féverole, la vigne, l’épinard, le blé, le soja, l’ail, le maïs, les agrumes, le palmier à huile, l’hévéa.

     Avec Yves Sauvaire et Jean Claude Baccou elle a également engagé un programme sur l’extraction de la  sapogénine à partir de divers clones de fenugrec. Par ailleurs dans le cadre d’une unité de recherche associant  INRA, ENSA-M, CNRS et Université elle va s’intéresser avec Louis Salsac,  puis Claude Grignon aux propriétés des systèmes membranaires du chloroplaste en relation avec le métabolisme du calcium, et la biodisponibilité d’autres  éléments minéraux dans les végétaux.

     Nicole Paris a participé à diverses missions à l’étranger en  Inde, Indonésie, Algérie, Sénégal, Tunisie, Californie. Le grade d’officier dans l’ordre des palmes académiques et celui de chevalier dans l’ordre national du Mérite ont honoré ses compétences professionnelles.

     Elle est entrée à l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier en 1979. Elle y a été élue présidente de la Section des Sciences la même année. En 1994 elle met sur pied le premier voyage des académiciens de Montpellier, en retenant  Monaco comme destination, et inaugurant ainsi un cycle de visites qui va perdurer.

     Ayant fait valoir ses droits à la retraite en octobre 1990 elle prendra des responsabilités au sein de l’association française des femmes diplômées des universités AFFDU, acceptant de succéder à Marguerite Saumade à la présidence du groupe de Montpellier.

     Affectée par la disparition de Jean Paris décédé  le 17 novembre 1995, elle maintient avec courage ses engagements et ne cesse de prodiguer la bienveillance autour d’elle. C’est le soir de Noël 2008 qu’elle disparaîtra à l’âge de 81 ans, subitement arrêtée dans l’organisation d’une conférence qu’elle planifiait  sur l’auteur Louise de Vilmorin.

     Elle laissait une fille, Françoise Paris, pédiatre endocrinologue au CHU de Montpellier, et deux petits enfants Damien et Emilie.

     Eminente scientifique, Nicole Paris a mobilisé les nouveaux concepts et outils de la science, avec une force de caractère que soutenait une grande clairvoyance. Toujours étonnée par le miracle de la vie,  elle avait  commenté dans un article sur les stratégies photosynthétiques des plantes « chaque molécule d’oxygène que nous respirons, chaque atome de carbone de chaque molécule de notre corps a nécessairement traversé les cellules végétales», rappelant ainsi ce que nous devons au règne végétal. 


Bernard Aubert

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